Lesbophobie

La lesbophobie est l'hostilité explicite ou implicite envers les lesbiennes. C'est une discrimination du fait de l'orientation sexuelle de celles-ci.



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  • ... Enquête sur la Lesbophobie est une analyse des résultats obtenus suite au... ce sont 63% des femmes qui sont concernées par la lesbophobie.... que la majorité des lesbiennes rapporte avoir vécu de la lesbophobie au... (source : univers-l)
  • la seconde forme de lesbophobie est la «récupération» de la sexualité... punir les lesbiennes d'être des femmes sexuellement indépendantes des hommes, ... (source : membres.lycos)
  • ... La commission " lesbophobie" est née en 2003.... Actuellement, qu'une femme puisse avoir des prétentions politiques reste pour... (source : tetu)

La lesbophobie est l'hostilité explicite ou implicite envers les lesbiennes. C'est une discrimination du fait de l'orientation sexuelle de celles-ci. Dans un souci de souligner la double discrimination (homophobie et sexisme) qui vise explicitement les lesbiennes, le terme lesbophobie est de plus en plus utilisé à la place d'homophobie.

Parce que les lesbiennes sont sexuellement et en partie économiquement indépendantes des hommes, les lesbophobes et les sexistes estiment qu'elles «transgressent» la loi patriarcale. Si le Lévitique interdit expressément l'homosexualité masculine (Lv 18.  22 : «Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme. C'est une abomination»), il ne parle nullement de l'homosexualité féminine, laquelle se retrouve cependant réprouvée par certaines religions : ainsi l'œuvre de la poétesse Sappho, venant de Lesbos, réputée pour son homosexualité, fut-elle détruite par les chrétiens.

Selon Marie-Jo Bonnet, la lesbophobie est une agression sociale de type phallocratique visant les femmes qui désirent des femmes. Elle peut être passive par la négation de la femme comme sujet de ses désirs. Elle peut être active par le rejet, la marginalisation ou la stigmatisation de l'eros lesbien. Elle est phallocratique en ce qu'elle est fondée sur la croyance en la toute puissance symbolique du phallus comme motif organisateur des lois de la Cité. La lesbophobie est la résistance du patriarcat à reconnaître l'amour entre femmes.

Selon Daniel Welzer-Lang, sociologue français, l'ignorance et la peur sont à l'origine des manifestations d'exclusion et de rejet des homosexuels. C'est aussi la stigmatisation ou la négation des rapports entre femmes qui ne correspondent pas à une définition respectant les traditions de la féminité. L'homosexualité féminine est reconnue par certains comme une menace pour les hommes qui refusent que les femmes puissent s'affirmer libre de toutes contraintes, vivre sans les hommes. L'homophobie tend alors à dénier l'existence de formes de sexualité autres qu'hétérosexuelles. Les lesbiennes sont alors frappées d'une certaine «invisibilisation» : «la femme est sexe pour l'homme ou n'existe pas».

Conséquences de la lesbophobie

«La prévalence, dans la société généralement, d'attitudes sexistes et homophobes génère un climat de violence qui met spécifiquement en danger les lesbiennes, autant sur leur lieu de vie ou de travail qu'au domicile. Les jeunes lesbiennes qui révèlent leurs prédilections sexuelles sont quelquefois contraintes par leur famille au mariage ou à d'autres relations sexuelles avec des hommes. Ces relations ou mariages forcés, qui impliquent des rapports sexuels habituels sans consentement (viols), sont non seulement discriminatoires mais peuvent être assimilés à de la torture ou à de l'esclavage sexuel. Par des tests de virginité ou des grossesses forcées, les lesbiennes sont quelquefois exposées à des mauvais traitements autres que ceux que subissent les gays et les hommes bisexuels. Étant donné qu'il est plus facile pour la famille et l'entourage de surveiller la sexualité des femmes, les lesbiennes doivent faire face à toute une série d'obstacles pour éviter d'être victimes de mauvais traitements ou obtenir réparation. Dans les sociétés où on les accuse de jeter l'opprobre sur la famille ou la communauté, les femmes qui sont attirées par d'autres femmes, qu'elles se définissent elles-mêmes comme lesbiennes ou non, risquent tout spécifiquement d'être maltraitées[1]

SOS Homophobie a lancé en France une grande enquête sur la lesbophobie de novembre 2003 à janvier 2004, durant laquelle près de 1800 femmes se sont exprimées. Selon cette étude, 57 % des lesbiennes ayant répondu ont indiqué avoir été victimes de lesbophobie.

Discriminations à l'égard des lesbiennes comme groupe social

Cette forme de sexisme nie l'homosexualité féminine[2] comme sexualité complète et assumée, - telles de nombreuses idées préconçues, surtout celle selon laquelle une lesbienne «bien traitée au lit» par un homme pourrait «redevenir» hétérosexuelle -, rejette le mode de vie lesbien dans son ensemble et conduit à l'occulter sur les plans politique, culturel, médiatique et dans l'ensemble des domaines de la vie sociale.

Durant la Deuxième Guerre mondiale et quoique le lesbianisme n'entrât jamais dans le cadre du paragraphe 175, les lesbiennes furent victimes, tout comme les homosexuels masculins, de persécutions de la part du régime nazi[3]. De nombreuses lesbiennes furent arrêtées, emprisonnées ou envoyées en camps de concentration. Dans les camps, elles devaient porter le triangle noir, comme l'ensemble des personnes qui étaient reconnues par les nazis comme «socialement inadaptées». La plupart de lesbiennes seront contraintes à la prostitution et victimes de viols et d'autres mauvais traitements.

Actuellement, dans de nombreux pays ou régions, surtout l'Afghanistan, l'Arabie saoudite, le Bahreïn, l'Iran, la Mauritanie, le Qatar, le Soudan, la Tchétchénie et le Pakistan, une relation amoureuse et sexuelle entre deux femmes est passible d'un châtiment allant de la flagellation à la peine de mort. Au Pakistan une lesbienne est passible de cent coups de fouet et d'emprisonnement à vie.

Manifestation de lesbophobie dans le métro parisien, 2005 (l'équivalent masculin de ces affiches étant pareillement vandalisé)

Violences physiques et psychologiques

«Les violences et discriminations dont sont victimes les lesbiennes sont soumises à la loi du silence, parce que, fréquemment, ces femmes n'ont pas les moyens d'attirer l'attention sur les mauvais traitements et l'exclusion dont elles font l'objet et n'osent pas alerter l'opinion de peur d'être mises au ban de la société et par crainte de représailles. Il est ainsi complexe de repérer, dénoncer et par conséquent de punir la répression lesbophobes[4]

Les lesbiennes sont fréquemment victimes de railleries, d'insultes et de menaces de la part de parents (elles sont quelquefois même rejetées du cercle familial) [5], de voisins ou collègues de travail (ou de lycée pour les adolescentes) lesbophobes, et dans les cas les plus extrêmes, victimes de coups, d'agressions sexuelles et même de «viols punitifs[6]». La romancière, Léa Duffy, dans son ouvrage Féminin féminin, raconte par exemple comment elle fut la victime d'un viol pendant son adolescence, exactement parce que lesbienne.

«Il existe de nombreux cas de jeunes lesbiennes battues, violées et agressées par des membres de leur famille qui souhaitent ainsi les punir, les briser moralement et leur signifier clairement qu'elles ne disposent pas comme elles l'entendent de leur corps et de leur esprit. Les conséquences que peuvent avoir des actes de torture et des mauvais traitements sur des jeunes et leur répercussions sur leur développement social et affectif sont spécifiquement dramatiques[7]

Discriminations à l'égard des lesbiennes comme individus

Il arrive aussi qu'elles puissent être victimes de discriminations dans la recherche d'un emploi ou d'un logement, mais également pour le mariage[8] et l'adoption[9]. Certaines lesbiennes, pour éviter toutes ces discriminations, cachent leur orientation sexuelle en se mariant. La contrainte à l'hétérosexualité est une des manifestations des violences psychologiques à l'égard des lesbiennes.

Mais la lesbophobie est la conséquence d'une double discrimination, d'une part comme lesbiennes (lesbophobie), y compris de la part de certaines femmes et d'autre part comme femmes (sexisme), y compris de la part de certains homosexuels[10]. C'est pour cela que pour énormément d'entre elles, le féminisme et la lutte contre la lesbophobie sont fréquemment étroitement liés.

La sexualité lesbienne est fréquemment reconnue comme secondaire, accessoire, car privée de la référence majeure au phallus. De plus, elle est utilisée de manière réductrice et caricaturale dans la pornographie comme objet de fantasme et de voyeurisme.

Il existe aussi de nombreuses idées préconçues, par exemple celle selon laquelle si une femme est lesbienne, c'est parce qu'elle est «déçue des hommes» [11] ou qu'elle a été victime de violences de la part de ceux-ci (elles sont victimes d'agressions et d'injures, parce qu'elles sont lesbiennes et non le contraire), ou tandis qui consistent à la faire passer pour un «garçon manqué».

Fierté lesbienne Paris 2001

En France, les propos homophobes ne sont pas illégaux par leur nature homophobe ou lesbophobe, mais uniquement par leur caractère injurieux. Cette protection ne satisfait pas les milieux anti-homophobes, qui demande une législation spécifique comparable à celle déjà mise en place pour la répression des insultes racistes (cela pourrait aussi se faire dans le cadre d'une loi anti-sexiste). Il pourrait y avoir aussi l'inscription du libre choix de la sexualité parmi les principes fondamentaux de la République (Code civil français).

La proposition de loi relative à la lutte contre l'homophobie, la lesbophobie et la transphobie présentée le 26 mars 2003 par Martine Billard, Yves Cochet et Noël Mamère indiquait :

«La question de la lesbophobie, à savoir la haine spécifique rencontrée par les femmes homosexuelles, mérite une mention spécifique dans cet exposé des motifs. En effet, le lesbianisme n'étant qu'une forme d'homosexualité, la condamnation de la lesbophobie découle de l'appareil juridique prévu pour la condamnation de l'homophobie. Cependant, parce que ne répondant pas à l'image dominante, masculine, de l'homosexualité, et parce que connues plus discrètes dans leur distanciation avec le modèle social hétérosexiste que les homosexuels, les lesbiennes sont absentes des représentations usuelles de l'homophobie. Elles sont néanmoins toutes tout autant victimes des insultes et de la stigmatisation que les hommes homosexuels, même si les agressions verbales sont elles aussi fréquemment “plus discrètes”» [12].

Le soutien moral des victimes se fait avec des lignes d'écoute telles que celle d'SOS Homophobie (le numéro azur est : 0 810 108 135) et l'appui aux actions en justice qu'elles peuvent intenter (contre insultes, agression sexuelle, viol, discrimination à l'embauche, etc. ).

La lutte contre la lesbophobie est organisée actuellement par la communauté lesbienne elle-même et passe surtout par l'activisme politique d'organisations non mixtes, comme la Coordination lesbienne mais également par des manifestations comme la «marche des fiertés lesbienne».

  • Stéphanie Arc, Les Lesbiennes, Éditions le Cavalier bleu, Collection «Idées reçues», 2006, ISBN 2-84670-137-7
  • SOS homophobie, Enquête sur la LESBOPHOBIE - Synthèse, 2008, ISBN : 978 2917010-01-3
  • Asylon (s) , numéro 1, octobre 2006. Sous la direction de Jane Freedman, Jérôme Valluy : «Les persécutions spécifiques aux femmes : Quelles connaissances ? Quelles mobilisations ? Quelles protections ?». en ligne

  1. Amnesty international. Torture. Identité sexuelle et persécutions. Londres : juin 2001
  2. Il y a les lesbiennes, c'est-à-dire qu'elles n'ont de relations sexuelles, amoureuses et sentimentales, qu'avec des femmes et les bisexuelles qui ont des relations avec des partenaires des deux sexes.
  3. /Lesbiennes sous le IIIe Reich : disparaître ou mourir de Edna Castello
  4. Dossier de la Coordination lesbienne en France sur la lesbophobie en France
  5. Les lesbiennes se retrouvant au chômage ou avec de très faibles revenus (temps partiel imposé surtout) sont fréquemment plus pauvres que les hétérosexuelles qui peuvent bénéficier de la solidarité familiale. Cette solidarité peut ne plus exister pour les lesbiennes rejetées par leur famille. L'orientation sexuelle devenant alors une discrimination supplémentaire, aggravant une situation précaire.
  6. / Afrique du sud :Mobilisation contre la violence lesbophobe
  7. Amnesty international. Torture. Identité sexuelle et persécutions. Londres : juin 2001
  8. Quelques pays autorisent les mariages homosexuels : le Canada, l'Espagne, la Belgique, les Pays-Bas, etc.
  9. /Le 22 janvier 2008, la France a été condamnée pour discrimination sexuelle par la Cour européenne des droits de l'homme pour avoir refusé le droit d'adopter un enfant à une lesbienne
  10. (fr) «Mimétisme gay et misogynie»
  11. /«Elles n'ont pas trouvé le bon.» extrait du livre Les Lesbiennes, de Stéphanie Arc
  12. /Proposition de loi, relative à la lutte contre l'homophobie, la lesbophobie et la transphobie

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