Féminisme chrétien

Le féminisme chrétien est un courant issu du féminisme et du christianisme, inspiré par des femmes chrétiennes.



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Le féminisme chrétien est un courant issu du féminisme et du christianisme, inspiré par des femmes chrétiennes.

Définition

Cet article s'intéresse au féminisme chrétien comme mouvement ou ensemble de mouvements. Il ne traite pas des chrétiennes qui militent individuellement au sein d'autres mouvements féministes (ce qui fut fréquemment le cas des protestantes), même si ces femmes se disent «féministes et chrétiennes»[1], ou alors «féministes chrétiennes».

La définition du féminisme chrétien comme mouvement fluctue selon le mouvement féministe auquel il s'apparente (libéral réformiste, socialiste, radical, etc. ) et le type de christianisme qui l'inspire (catholique, protestant, théologie de la libération, etc. ) Mais le féminisme chrétien n'est pas un placage de deux idéologies : ses militantes unissent dans leur lutte le féminisme et le christianisme, en vivent les contradictions et en théorisent le rapport. Le féminisme chrétien est à la fois ce que le christianisme change au féminisme et ce que le féminisme change au christianisme.

Historiquement, depuis sa naissance comme mouvement de femmes à la fin du XIXe siècle, le mouvement féministe chrétien a évolué d'un féminisme en quête de légitimité chrétienne vers un christianisme en quête de légitimité féministe : en premier lieu les féministes chrétiennes ont du donner des gages d'orthodoxie et de loyauté[2] aux Églises, ensuite elles ont demandé à leurs Églises de prouver, en principe et en pratique, que le salut chrétien libère les femmes.

En 1932, Sœur Marie Gérin-Lajoie est toujours dans une position de justification vis-à-vis de l'Église : «Au féminisme libéral qui prône le droit au divorce, la limitation des naissances, l'organisation individualiste de la vie et la licence sous tous ses formes, elle [l'Église] oppose le féminisme chrétien, qui veut obtenir pour la femme certains droits, mais en vue de l'accomplissement intégral de ses devoirs»[3].

Sa mère, Marie Lacoste-Gérin-Lajoie, présidente de la Fédération Nationale Saint-Jean-Baptiste, expliquait en 1918 les fondements de son féminisme chrétien : «Ainsi conçue, la collaboration de la femme aux questions d'intérêt commun se présente à elle sous un aspect sévère et son activité extérieure est motivée, non par des raisons puériles ou de mesquines rivalités de sexe et des théories déclamatoires sur l'égalité de l'homme et de la femme ; mais elle est justifiée par le fait que la fonction sociale de la femme différant par certains côtés de celle de l'homme, elle seule peut savoir dans quel sens elle doit la développer, la peaufiner et introduire dans sa propre vie ce progrès que la vie publique communique à la vie privée»[4]

L'appellation "féminisme chrétien", lorsqu'elle prétend couronner le féminisme, a été remise en cause par plusieurs groupes de femmes chrétiennes. Yvonne Pellé-Douel, surtout, lui préférait un féminisme dans lequel sont engagés des chrétien. ne. s, un lieu d'expression et de délivrance des chrétiennes.

Dans son acception récente, le féminisme chrétien est fréquemment le fait de femmes qui prennent conscience de leur commune oppression au sein même de l'Église, par ses membres et ses traditions patriarcales. Elles considèrent que cette oppression défigure le message de Jésus et entrave le salut qu'il apporte à toutes ainsi qu'à tous. Elles œuvrent par conséquent pour la conversion des chrétiens, la réforme de l'Église et la libération de toutes les femmes pour que se manifeste le salut universel apporté par Jésus.

Un groupe féministe qui considère à tort que l'Eglise catholique ne respecte pas la vocation de la femme... Groupe voué à l'impasse et qui égare de nombreuses brebis loin du troupeau.

Histoire des groupes féministes chrétiens

Au Québec

Au commencement

Militantes à Montréal au sein du National Women Council of Canada, enthousiasmées par le projet de «féminisme chrétien» de la Française Marie Maugeret en 1896, des femmes ouvrent en mai 1907 le congrès fondateur de la première association féministe canadienne-française, la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste (FNSJB). [5]

A partir de 1960

Dans les années 60-80 naissent plusieurs groupes et mouvements qui formaliseront une identité commune, féministe et chrétienne, en 1996 dans l'Intergroupe des chrétiennes féministes (IFC) suite à leur déclaration commune au sujet de la note du cardinal Ratzinger réservant l'ordination aux hommes : le Réseau Femmes et Ministères (RFM), l'Autre Parole, le Mouvement des femmes chrétiennes (MFC), l'Association des religieuses pour la promotion de la femme (ARPF), les Répondantes diocésaines à la condition des femmes (RDCF), le Réseau œcuménique des femmes du Québec (ROF-Q) et l'Association féminine d'éducation et d'action sociale (AFEAS).

A partir des années 1970, une nouvelle dimension de la critique féministe est apparue dans ces groupes : la critique du patriarcat au sein même de l'Église avec une théologie féministe et des revendications comme[6] :

En France

En France les pionnières ont pour nom :

En Belgique

En Belgique les pionnières ont pour nom :

Une théologie féministe

Le féminisme chrétien a permis l'avènement d'une théologie féministe qui n'est ni une «théologie féminine» (un regard spécifique de femme) ni une «théologie de la femme» (un domaine spécifique de la théologie) mais une nouvelle herméneutique de la théologie elle-même. La théologie féministe repense à nouveaux frais la constitution du canon des Écritures [10], la paternité divine [11], l'identité du Christ[12], l'action de l'Esprit-Saint, la dévotion mariale, les institutions de l'Église [13]

Bibliographie : synthèses par pays

Québec

France

Références et notes

  1. Elles sont bien féministes puisque elles sont désireuses de se libérer de l'oppression masculine et qu'elles agissent avec d'autres femmes pour cette libération. Et elles sont chrétiennes en ce sens que toute chrétienne qui lutte avec d'autre femmes pour leur libération est une féministe chrétienne.
  2. LAMOUREUX Diane, «Idola Saint-Jean et le radicalisme féministe de l'entre-deux-guerres», dans Recherches féministes, vol. 4, n° 2 (1991), p. 56
  3. Sœur Marie Gérin-Lajoie, «Le retour de la mère au foyer», École sociale populaire, 227 (décembre 1932), p. 2.
  4. Marie Gérin-Lajoie, «Entre nous», La Bonne Parole, 7, 7 (octobre 1918)  : 1. Cité dans Karine Hébert, «Une organisation maternaliste au Québec la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste et la bataille pour le vote des femmes», Revue d'histoire de l'Amérique française, vol. 52, n° 3, 1999, p. 21.
  5. DUMONT Micheline, «Les débuts du féminisme québécois», Le Devoir, 28 mai 2007
  6. ROY Marie-Andrée, «Les revendications des femmes dans l'Église», dans Souffles de femmes : lectures féministes de la religion, sous la dir. de Monique Dumais et de Marie-Andrée Roy, Montréal et Paris, Ed. Paulines et Médiaspaul, 1989, p. 29-72. Étude des revendications des groupes québécois entre 1971 et 1986
  7. VAN LUNEN CHENU Marie–Thérèse, Femmes et hommes, Paris, Cerf, 1998, p. 100.
  8. Cf. Musée virtuel du protestantisme français
  9. Marie-Thérèse van Lunen Chenu, Actes du Colloque «Au tournant de l'histoire, chrétiens et chrétiennes vivent de nouvelles alliances», mars 1997, éd. PROFAC Lyon
  10. SCHÜSSLER FIORENZA Elisabeth, En Mémoire d'elle. Essai de reconstruction des origines chrétiennes selon la théologie féministe, Le Cerf, Paris, 1986 (New-York, 1983)
  11. DALY Mary, Beyond God the Father : toward a Philosophy of Women's Liberation, Boston (Mass), Beacon Press, 1977
  12. RADFORD RUETHER Rosemary, Sexism and God-Talk : Toward A Feminist Theology, Beacon Press, Boston (USA), 1983. JOHNSON Elisabeth, «La masculinité du Christ», Concilium n°238, 1991, p. 145-154. PARMENTIER Elisabeth, Les filles prodigues. Défis des théologies féministes, Labor et Fides, Genève, 1998. SHARP Carolyn, «La Christologie féministe», Relations, n°616, 1995, p. 300-302
  13. RADFORD RUETHER Rosemary, «Une Église de libération du Patriarcat : la praxis des ministères parmi des disciples égaux». Actes du deuxième colloque international œcuménique (Ottawa, 22-25 juillet 2005)

Liens externes

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"Professeure de féminisme"

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