Alliance internationale Jeanne d'Arc
L'Alliance internationale Jeanne d'Arc, association féministe catholique, a été fondée à Londres en 1911. Elle bénéficie du statut consultatif auprès de l'ONU depuis 1952, et elle est accréditée auprès de la Conférence des organisations internationales catholiques.
L'Alliance internationale Jeanne d'Arc, association féministe catholique, a été fondée à Londres en 1911. Elle bénéficie du statut consultatif (II) auprès de l'ONU (UNESCO) depuis 1952, et elle est accréditée auprès de la Conférence des organisations internationales catholiques. Elle lutte pour le vote des femmes et pour les droits familiaux, sociaux, politiques des femmes avec un intérêt spécial pour les femmes du Tiers-Monde. Elle demande l'accès des femmes à l'ensemble des fonctions ecclésiales.
Appellations successives
- 1911 : Catholic Women's Suffrage Society (CWSS)
- 1923 : St. Joan's Political and Social Union
- 1954 : St Joan's International Alliance / Alliance internationale Jeanne d'Arc
- 2002 : Alliance Terre des Femmes (le nom anglais demeure «St. Joan's International Alliance». )
Développement de l'Alliance
Au début du XXe siècle en Grande-Bretagne la loi organisait la subordination des femmes aux hommes dans la famille et la société. Quant aux Églises, surtout l'Église catholique qui nous intéresse ici, elles accordaient fréquemment un sceau divin à la domination masculine[1], si bien que le mouvement féministe naquit beaucoup hors de l'Église. Des femmes catholiques considèrent néenmoins que la doctrine chrétienne authentique réclame au contraire l'égalité des droits pour les femmes et les hommes. S'affirmant «féministes et catholiques», elles fondent en 1911 «The Catholic Woman's Suffrage Society» avec Kathleen Fitzgerald pour présidente et Gabrielle Jeffery pour secrétaire. Leur première réunion publiquese déroule en juillet 1911, au Kensington Town Hall de Londres. Elles établissent bientôt des sections locales à Liverpool, Brighton et Hastings puis à Bristol et Edinburgh, et elles se dotent d'un organe de communication en 1914 - The Catholic suffragist -, qui sera renommé The Catholic Citizen en 1918. Au suffragisme viennent s'ajouter d'autres revendications, si quoiqu'en 1923, le groupe prend le nom de "St. Joan's Social and Political Alliance". En 1954, l'Alliance est établie dans plusieurs pays. Elle prend par conséquent le nom de St Joan's International Alliance (Alliance internationale Jeanne d'Arc) alors que sa section britannique est appelée “Great Britain and Northern Ireland Section of the St Joan's International Alliance”
En 1995, l'Alliance compte 5 sections nationales (Belgique, France, Royaume-Uni de Grande Bretagne, Italie, Etats-Unis d'Amérique) et des membres individuels en Allemagne, en Suisse et au Zaïre.
Chronologie du développement de l'Alliance
- 1911 : fondation de “The Catholic Woman's Suffrage Society” et première réunion publique en juillet, au Kensington Town Hall de Londres
- 1912 : affiliation au “Federated Council of Suffrage Societies”
- 1924 : membre fondateur du “Liaison Committee of the International Organisations of Women”.
- 1952 : obtention du statut consultatif de catégorie II auprès du Conseil économique et Social des Nations Unies
- 1952 (?) : reconnaissance officielle par l'Organisation Internationale du travail
- ? : représentation officielle à l'UNESCO
- ? : inscrite sur les registres du Conseil pontifical pour les laïcs
- ? : membre associé de la Conférence des organisations catholiques internationales.
- ? : la secrétaire générale internationale, Florence Barry, est honorée de la croix «Pro Ecclesia et Pontifice».
Chronologie des campagnes de l'Alliance
- 1937 : rapport à la Société des Nations sur la condition des femmes en Afrique et en Asie.
- ? : campagne contre la prostitution, l'esclavage et la traite, rapport d'enquête à la Société des Nations (Commission contre l'esclavage) et au gouvernement britannique.
- 1952 : intervention pionnière contre les mutilations sexuelles infligées aux jeunes filles (MSF) auprès du Conseil Économique et Social des Nations Unies.
- 1961 : requête auprès de Rome en faveur de l'ordination de femmes au diaconat.
- 1962 : requête auprès de Rome pour la présence de laïcs, femmes et hommes, au Deuxième Concile œcuménique du Vatican ("Vatican II"), comme observateurs et experts.
- 1962-1965 : Déclarations à la clôture de chacune des Assemblées générales du second Concile du Vatican
- 1963 : requête auprès de Rome pour l'ordination de femmes au ministère presbytéral (prêtres).
- 1965 : à partir de cette date, requête pour la révision des articles discriminatoires dans le code de droit canonique (droit de l'Église) – 17 articles furent ainsi modifiés ou supprimés.
- 1967 : sur l'insistance de la présidente de l'Alliance, le Congrès mondial des laïcs à Rome se prononce en faveur des droits des femmes dans l'Église catholique.
- 1971 : suite à l'intervention de la section canadienne de l'Alliance, la Conférence des évêques catholiques du Canada se déclare en faveur de l'ordination des femmes aux ministères de l'Église. Au synode de Rome en 1971, ils obtiennent la création d'une Commission d'étude sur le rôle des femmes dans la société et dans l'Église. Mais le Rome choisit elle-même les membres de la commission au détriment des féministes et écarta de ses attributions la réflexion sur l'ordination des femmes.
- 1974 : Frances McGillicuddy présente à la Commission sur la condition des femmes (ONU) un rapport sur la nouvelle approche du rôle des femmes.
- 1975 : à la suite du rapport de la Commission d'étude sur le rôle des femmes dans la société et dans l'Église, l'Alliance envoie à Rome une critique qui est accueillie avec bienveillance par le président de la Commission, Mgr Bartolletti. Si bien que l'Alliance appuie désormais les bonnes recommandations de la Commission malgré leur portée concrète particulièrement réduite.
- 1981 : requête officielle auprès du Saint-Siège pour qu'il ratifie la «Convention pour la suppression du trafic d'êtres humains et l'exploitation de la prostitution d'autrui». Nouvelle tentative en 1990.
- 1988-1998 : requêtes officielles auprès du Vatican, des conférences épiscopales et de la Conférence des organisations catholiques, dans le cadre de la Décennie de solidarité des Églises avec les femmes initiée par les Conseil Œcuménique des Églises.
- 1990 : campagne contre la prédilection donnée aux enfants de sexe masculin et pour la protection des filles.
- Participation active aux rédactions successives de la «Lettre des évêques américains aux femmes»
Relations avec l'Église catholique
Pour assurer sa liberté d'action, l'Alliance a préféré être une «organisation de Catholiques» plutôt qu'une «organisation catholique» officielle. Mais elle est inscrite sur les registres du Conseil pontifical pour les laïcs et membre associé de la Conférence des organisations catholiques internationales. D'autre part la secrétaire générale internationale Florence Barry a été honorée de la croix «Pro Ecclesia et Pontifice».
Elle intervient auprès des conférences épiscopales et auprès du Saint-Siège pour la ratification des conventions internationales concernant les femmes. Auprès des conférences épiscopales et de l'évêque de Rome (le Pape) elles exercent une pression en faveur de l'accès des femmes aux ministères ordonnés (prêtre, diacre), de la participation des femmes aux décisions qui les concernent en matière de doctrine et de morale (surtout la régulation des naissances. Parmi ses membres, des théologiennes effctuent un travail de recherche sur une réinterprétation non-sexiste des Ecritures Saintes, l'accès des femmes à l'enseignement théologiques, l'adoption d'une liturgie et d'un langage qui prenne en compte les femmes ("langage inclusif "), l'avenir des religieuses, etc.
Personnalités
- Marie Lenoël, fondatrice et présidente de la section française de l'Alliance internationale Jeanne d'Arc en 1937 : "Il est temps de démontrer que non seulement on peut être féministe quoique catholique, mais féministe parce que catholique"[2]. Elle lance la campagne contre l'esclavage et la traite.
- Carla Ricci, fondatrice de la section italienne de "Alleanza Internazionale Giovanna d'Arco" et présidente de 1987 à 2001. Docteure en lettre et philosophie de l'université de Bologne. Thèse en histoire du christianisme sur "Les femmes qui suivaient Jésus dans Luc 8, 1-3"
- Florence Barry, Secrétaire internationale de l'Alliance pendant plusieurs décennies. Titulaire de la croix "Pro Ecclesia et Pontifice"
- Dr. Fede Shattock, Vice-President de l'Aliance internationale
- Mme Stephan, présidente de la section française
- Thérèse Royer
- Anne-Marie Arbeit
- Frances McGillicuddy, Déléguée de l'Alliance à la Commission sur la condition des femmes (New-York)
- Pauline Archambault , présidente de la section française et membre avec Cécile de Corlieu, de l'Union spirituelle des femmes
Bibliographie
Publications de l'Alliance
Revues officielles
- en anglais : The Catholic Citizen (1915-... )
- en français : L'Alliance (1973-2002) puis Terre des Femmes (2002-... )
- en italien : Alleanza (1990-2002) puis Terra delle donne (2003-... )
Articles
- «Alliance suffragiste Jeanne-d'Arc section française de Saint-Joans's Social and Political Alliance», lettre adressée à Georges Pernot signée de la présidente V. Pesson-Depret et de la secrétaire générale Mlle Lenoël, La Française, 20 mars 1937
- PELZER Anne-Marie, "Brève histoire de l'Alliance internationale Jeanne d'Arc : 1911-1977", L'Alliance, Bruxelles, 1992, pp. 1-16.
Fonds d'archives
- Centre d'archives pour l'histoire des femmes (CARHIF) : Le Carhif a été créé en mai 1995. Cette association sans but lucratif est hébergée dans les locaux du Centre de rencontre et de conférences des femmes "Amazone", localisé à Bruxelles. On y trouve surtout les fonds de l'Alliance Internationale Jeanne d'Arc. Adresse : 10 rue du Méridien, 1210 Bruxelles.
- Centre Louise Labé : Le Centre Louise Labé est un site de l'Université Lumière Lyon 2. On y trouve surtout les fonds sur l'Alliance Jeanne d'Arc qui étaient jusque là localisés au défunt "Centre Femmes et Christianisme" géré par Femmes et hommes en Eglise et hébergé par l'Institut Catholique de Lyon. Adresse : Campus Porte des Alpes, 5, avenue Pierre-Mendès-France 69676 Bron cedex, bâtiment K, salle 226. Téléphone 04 78 77 24 84. Courriel : centre. louise-labe@univ-lyon2. fr.
- Women's Library : "Records of St Joan's International Alliance" (référence 2SJA), "Records of the St Joan's International Alliance (German Section) 1952-1981" (référence 5SJG) et publications de l'Alliance. Adresse : The Women's Library, London Metropolitan University, 25 Old Castle Street, London E1 7NT.
- Notre Dame University (Etats-Unis) : référence CMBL 3/11-13.
- GARD Robin. "The archives of the Catholic Lay Societies. 1 : St. Joan's International Alliance", Catholic Archives, 21 (2001), Catholic Archives Society, p. 65-69. (ISSN 02614316)
Sources et notes
A voir aussi
Bibliographie complémentaire
- Répertoire des sources du féminisme en Belgique, par E. FLOUR et C. JACQUES sous la direction de E. GUBIN et L. VAN MOLLE, INBEL, Bruxelles 1993.
- CLARK Elaine, "Catholics and the campaign for women's suffrage in England", Church History, 01/09/04, American Society of Church History (ASCH). En ligne.
- GUBIN, É. et JAQUES, C., Dictionnaire des femmes belges, XIXe et Xxe siècles, Brussel, 2006.
- HEINZELMAN G. et al. We shall keep quiet no more! Women speak to the Second Vatican Council, Interfeminas, Zurich
- KANE Paula M., "The Willing Captive of Home?" : The English Catholic Women's League, 1906-1920", Church History, 1991, American Society of Church History.
- MASON F. M., "The Newer Eve : The Catholic Women's Suffrage Society in England, 1911-1923", The Catholic historical review, 1986, vol. 72, n°4, Catholic University of America Press, Washington (Etats-Unis), pp. 620-638 (ISSN 0008-8080)
- KENNEDY Sally, "Faith and feminism : Catholic women's struggles for self-expression", Studies in the Christian Movement, Sydney (Australie), 1985
- PELZER Anne-Marie, "Théologienne et féministe", Les Cahiers du GRIF : "Des femmes accusent l'Église", n°8, septembre 1975, Bruxelles, p. 47-48.
- VANLOMMEL SOFIE, Féministe parce que Catholique' : de Saint Joan's International Alliance en Magdeleine Leroy-Boy (1941-1974) , mémoire de master à l'Université Catholique de Louvain sous la direction de H. Van Molle, 2007.
Coordonnées
Ses bureaux se trouvent :
- en France : Thérèse Royer, 261, avenue Général Leclerc, 94700 Maisons Alfort
- en Belgique : Quai Churchill 19/161, 4020 Liège
liens externes
- L'action de l'Alliance contre l'excision
- Présentation au Conseil économique et social en 1995.
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