Crimes d'honneur à Baba Kot du 14 juillet 2008

Le 14 juillet 2008 eut lieu l'exécution à la pelleteuse de cinq femmes à Baba Kot, un village pakistanais dans la province du Balouchistan.



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Violence contre les femmes - Féminisme - 2008 en Asie - Histoire du Pakistan

Le 14 juillet 2008 eut lieu l'exécution à la pelleteuse de cinq femmes à Baba Kot, un village pakistanais dans la province du Balouchistan.

Cette exécution est issue d'un jugement d'une jirga, un tribunal respectant les traditions, condamnant trois sœurs qui voulaient choisir leur propre mari, enfreignant ainsi la tradition locale. Leur mère et leur tante sont aussi exécutées pour les avoir aidées. Cette exécution a fait vivement réagir l'opinion publique pakistanaise et mis sur le devant de la scène le problème des crimes d'honneur dans ce pays.

Faits

Le 13 juillet 2008, trois sœurs de la tribu des Umrani, accompagnées de leur mère et de leur tante, prennent le taxi pour Usta Muhammad, afin d'épouser au tribunal civil les hommes qu'elles ont choisis. Elles prennent cette décision après plusieurs jours de discussion avec les hommes de la tribu, qui refusent de donner leur accord à ces mariages[1]. Des hommes de Baba Kot les rattrapent et les ramènent de force à leur village, sous la menace d'armes[1], dans une voiture officielle du gouvernement provincial du Balouchistan[2].

Elles sont immédiatement jugées par une jirga, assemblée de notables, car elles ont contrevenu à la tradition tribale qui veut que les femmes ne décident pas de leur avenir conjugal. Elles sont condamnées à mort par ce tribunal respectant les traditions, composé entre autres de leur père, leurs oncles et leurs frères[3]. La sentence, voulue spécifiquement exemplaire[4] est exécutée le lendemain, dans le désert proche. Une pelleteuse ou un tractopelle[4] est utilisée pour creuser une fosse. Les condamnées sont ensuite alignées le long de celle-ci, et frappées avec clubs de golf. La pelle mécanique s'abat sur elles, pour les tuer. Un peloton d'exécution leur tire ensuite dessus pour les achever. Elles sont ensuite poussées dans la fosse et enterrées avec la pelleteuse. Des témoins rapportent qu'elles étaient toujours vivantes à ce moment là[2].

Il semble qu'elles aient été mal ensevelies, des animaux ayant été vus mangeant une jeune fille à proximité, poussant les fossoyeurs à perfectionner leur inhumation. [4].

Enquête de la presse et soutien des organisations des droits de l'homme

Cette exécution est dans un premier temps passée inaperçue. La révélation est faite par le journal Jang, le 24 juillet, ce qui entraîne des menaces de mort envers son correspondant local, auteur de l'article. La police locale refuse d'enquêter, et le ministre débute par nier, puis minimiser les faits[1]. Le journal anglophone The News International, d'Islamabad, prend le relais, et Rauf Klasra est envoyé pour enquêter. Il relève l'implication d'Abdul Sattar Umrani[5], frère de Sadiq Umrani, ministre du logement de la province, appartenant au PPP de Benazir Bhutto. Abdul Sattar Umrani est déjà impliqué dans un «crime d'horreur»[3] identique datant de 2006, pour lequel l'enquête n'a pu être ouverte que sur intervention de la Cour suprême[1].

Conséquences

Ces articles entraînent l'ouverture le 29 août un débat au Parlement pakistanais, la sénatrice Bibi Yasmin Shah, soutenue par trois de ses collègues masculins, interpellant le gouvernement[6]. Un juriste nationaliste baloutche, Mir Israr Ullah Zehri, proclame qu'il défendrait «une tradition pluriséculaire»[7] «qui ne doit pas être reconnue négativement»[8] et protège la société contre l'immoralité[6]. La retransmission à la télévision cause alors un scandale national : le Sénat pakistanais et l'assemblée provinciale du Sind votent des résolutions condamnant ces exécutions, scandale qui permet aussi le début d'une interrogation nationale sur les droits des femmes[2]. Le gouvernement ordonne alors une enquête[8], mais qui traîne en pleine période électorale[8]. La procédure antiterroriste ATA est utilisée contre les suspects[4].

Les organismes internationaux de défense des droits de l'homme mènent une campagne, à partir de la fin du mois d'août[9], [8], pour que la justice punisse les responsables de ce crime. Au Pakistan, la loi punit de mort les crimes d'honneur depuis 2004, mais n'est jamais appliquée[8]. La commission nationale du statut des femmes et le conseil de l'idéologie islamique ont condamné cette exécution[10].

Un an plus tard, le World Sindhi Congress, ONG de défense des droits de l'homme, constate que ce massacre n'a pas renversé le rapport de forces en faveur des défenseurs des droits des femmes ou contre la justice respectant les traditions rendue par les jirgas[6] :

Voir aussi

Références

  1. (fr) Cinq femmes enterrées vivantes au Pakistan sur Le Jura libertaire, 15 août 2008. Consulté le 8 octobre 2008
  2. (fr) Frédéric Bobin, «Pakistan : un crime au nom de la tradition», 25 septembre 2008, Le Monde. Consulté le 8 octobre 2008
  3. (fr) Annie Sugier, «Pakistan : un crime d'horreur» sur Riposte laïque, 30 septembre 2008. Consulté le 8 octobre 2008
  4. (fr) Rauf Klasra, «Accused booked under ATA for burying women alive» sur The News, 6 septembre 2008. Consulté le 8 octobre 2008
  5. (en) Rauf Klasra, «Legislators indifferent to sorry end of women buried alive», 27 août 2008, The News. Consulté le 8 octobre 2008
  6. Suraiya Makhdoom, State violation of women's rights in Pakistan, publié par le World Sindh Congress le 12 octobre 2009 [1], consulté le 29 octobre 2009
  7. (en) 5 buried alive'tradition'- Pakistani pol sur New York Daily news, 30 août 2008, Associated Press. Consulté le 8 octobre 2008
  8. (en) Salman Masood, «Pakistan investigates case of 5 killed over'honor'», 2 septembre 2008, International Herald Tribune. Consulté le 8 octobre 2008
  9. (fr) Jesusparis, «Pakistan : cinq femmes enterrées vivantes en toute impunité», 25 août 2008. Consulté le 8 octobre 2008
  10. The News, «Formation of independent probe panel demanded», The News, 16 septembre 2008, en ligne [2], consulté le 8 octobre 2008

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